Un moment de communion !

J’ai, en cette occasion du bientôt 1^er novembre, apporté une touche de fraicheur aux sépultures offertes aux 4 vents, aux intempéries, aux caprices de la météo. C’est un instant magique où, en se donnant la peine d’arpenter les allées de notre cimetière lizéen, pied à terre des familles circassiennes de la grande époque dont les « Bouglione ».

Plus de 25 familles du cirque y reposent et parmi elles : les familles Capello, Van Been, Zavatta, Falck, Presto, Krat, Muller, Schweig… Les monuments funéraires sont très imposants, illustrés de portraits, d’objets parfois insolites, rappelant la vie du cirque et témoignant de la religiosité gitane.

Ce que j’apprécie les plus en ce lieu de silence, de respect, ce sont les échanges des « vivants » parlant des défunts… Ce sont les images des personnes que nous avons côtoyées pendant notre enfance qui resurgissent et même leurs paroles… « Tu te rappelles… » et c’est parti pour une invitation dans le passé !

Je ne me complais pas dans le passé mais il est des moments où l’on aspire à ci réfugier !

Je me souviens, après le 1^er novembre, dans ce champ de chrysanthèmes multicolores, venir avec Jean-Marie V, sous les grands cyprès, à quelques mètres du « carré militaire », pour refaire le monde. Endroit magique aujourd’hui disparu ! Lui, le poète dans l’âme aimait à décliner les vers de Victor HUGO, accompagné de sa guitare, dont voici un extrait :

« Ils comprennent ma voix sur le monde épanchée,
Mieux que vous, ô vivants bruyants et querelleurs !
Les hymnes de la lyre en mon âme cachée,
Pour vous ce sont des chants, pour eux ce sont des pleurs.

Moi, c’est là que je vis ! — cueillant les roses blanches,
Consolant les tombeaux délaissés trop longtemps,
Je passe et je reviens, je dérange les branches,
Je fais du bruit dans l’herbe, et les morts sont contents.

Là je rêve ! et, rôdant’dans le champ léthargique,
Je vois, avec des yeux dans ma pensée ouverts,
Se transformer mon âme en un monde magique,
Miroir mystérieux du visible univers. »

(Les rayons et les ombres – Mars 1840 – Victor HUGO)

Il n’y a pas de fantômes dans un cimetière, il n’y a que des histoires de vie et d’amour qui ne demandent qu’à refaire surface… Le cimetière est un lieu magique !

Nous sommes encore de cette génération où l’on entretient le souvenir, l’image des personnes qui y reposent mais, je deviens beaucoup plus réservé quant à la suite que donneront les futures générations !

En fait, c’est quoi une tombe ? Qui viendra se recueillir sur celle-ci dans quelques années ?

Sans connotations religieuses, je me rappelle un simple passage de la Bible quand MOÏSE rappelait aux humains : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière ».

Je me permets de corriger : C’est surtout la seconde partie de la phrase qui est une réalité indiscutable !

Oui, c’est un réel moment de communion quand on arpente les allées du cimetière entre les sépultures et en jetant un regard sur les noms qui y sont inscrits (ou presque effacés) !