C’est la révolution ! Les éleveurs sont partout ! Ils barrent les routes, épandent du fumier, brûlent des pneus usagés, organisent des barrages filtrants, ouvrent les barrières des péages… Tout va très bien Monsieur le Ministre ! Et tout ce bordel pour cause de prix d’achats trop bas, de marges inégalement réparties ! Voici des mois que la fronde rurale essaye de faire entendre sa voix ! Mais l’écho des campagnes ne franchit pas les murs lambrissés et capitonnés des bureaux ministériels !
Les problèmes du monde rural agricole sont récurrents. Alors, quand la grogne gagne, on se contente d’un ajustement à minima sans chercher à en traiter les véritables raisons. Un petit coup de traitement au « Round Up » ou au « Génoxone », et on repart pour un tour ! Le malaise est profond. Le lait est acheté à bas prix ce qui n’empêche pas de le trouver sur les linéaires des grandes surfaces (ceux de marque labellisée) à plus de 1 € ! Du lolo du pis de la vache, on y ajoute des vitamines artificielles et autres produits pour « justifier » sa marge ! Fini de raconter l’histoire de Perrette et du pot à lait !
La filière viande enregistre les mêmes écarts, pour ne pas dire les mêmes abus ! Est-il normal que dans un pays producteur de viande de qualité - reconnue comme l’une des meilleures au monde – les prix d’achats soient aussi bas ? Bien sûr que NON mais les lois de l’agro-alimentaire, de la grande distribution font que le seul argument est celui du prix d’achat le plus bas ! Il faut donc acheter le moins cher possible pour vendre, en conservant sa marge évidemment, à un prix attractif et défiant toute concurrence ! Alors, c’est le grand foutoir ! On ne cherche plus la qualité mais le rabais !
Il n’y a pas, dans ce vaste problème qui frappe nos éleveurs et producteurs, que la notion de « prix ». Il y a toutes ces contraintes édictées par l’U.E ! Je ne vais pas entrer dans les détails mais nos forts en thème se font un réel plaisir à transformer ces « règles » en usine à gaz ! Vous voulez faire une porcherie de plus de 500 porcs ? C’est NON ! Vous voulez accroître la superficie de vos herbages en rachetant la petite exploitation – non viable aujourd’hui – de votre voisin ? C’est un NON de la SAFER !
Les « images » illustrant les boîtes de Camembert (une laitière moulant le camembert à la louche), les yogourts (toujours une laitière des années passées) faussent la réalité ! Les « industriels » utilisent des bras et mains articulés pour « mouler à la louche » vos calendos ou brasser vos yogourts ! La ferme des années 50 avec son tas de fumier dans la cour où les poules viennent gratter, c’est fini ! Le tabouret à 3 pieds, la ficelle qui emprisonnait la queue de la vache liée à la patte, le seau inox… C’est au musée ! Arrêtez la fiction !
Evidemment, les temps ont changés ! Le travail est un peu moins pénible mais les contraintes sont restées les mêmes. Dans ce domaine, le temps de travail ne se résume pas à 35 h ! Aujourd’hui, ils sont devenus des entrepreneurs, des gestionnaires avertis. Leur travail doit se retrouver « rémunéré à sa juste valeur » pour survivre.
De cette Europe élargie, vous en bouffez tous les jours ! Vous en voulez encore ?
Achetons Français et acceptons de payer quelques centimes d’euros de plus ! Ne vaut-il pas mieux économiser sur des SMS et mettre cet argent pour un bon morceau de viande qui ravivera nos papilles atrophiées par des produits venus d’ailleurs ?
« Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France »… C’était SULLY qui le disait ! Sans nos éleveurs, sans leur savoir-faire reconnu, nous serons condamnés à nous approvisionner sur le marché européen ! Un comble pour un pays d’élevage !