Le feu semble s'apaiser malgré encore quelques brûlots. Je m'étais "interdit" de participer à ce grand débat qu'est celui de nos retraites. Non que je n'avais pas le courage, la force de m'exprimer sur le sujet mais déjà beaucoup a été dit, redit, commenté. Aujourd'hui, je ne puis tenir mon engagement. Je me suis donc permis d'écrire à :
Monsieur le Président,
2007 fut pour moi une date mémorable. Enfin, la France avait trouvé la bonne pointure pour aller de l’avant. C’était l’année de la « virade de l’espoir », - non pas celle qui ouvre ses portes pour lutter contre la mucoviscidose – mais celle qui ouvrait enfin la grande porte à tant d’attentes non satisfaites depuis bien des années. L’envolée lyrique, le langage d’un nouveau style, les « promesses » du candidat à élire, tout à contribuer à votre élection. J’étais heureux et fier, tout comme le fût mon épouse qui s’empressa de figer votre portrait sur une toile et de la vous porter. Vos remerciements de l’époque nous touchèrent. Ce qui me marqua le plus dans la campagne du candidat Sarkozy ? Le « Je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas » … C'était un peu gaullien comme le "Je vous ai compris" ...
Et il y eût bien des « maladresses » (Fouquet’s, Bolloré, Clavier, et tant d’autres depuis…) dont je vous fais grâce ! Je laisse à la presse people vos affaires personnelles. Chacun mène sa vie à sa manière… Puis le côté « bling bling » qui prend le dessus… Du bling bling qui ne vous quitte plus, vous devenez l’homme à tout faire de la maison France… L’homme qui sait tout, qui connaît tout… sauf les simples gens que nous sommes ! Vous cumulez, avec beaucoup d’énergie d’ailleurs, les rôles de Président d’une certaine France et de Premier Ministre. Vos « chers conseillers » vous emmènent dans le labyrinthe des réformes à mener et même avec le fil d’Ariane – j’allais écrire de Carla, pardonnez moi – il vous arrive de vous égarer car du candidat du bon sens de 2007 vous êtes devenu l’INTOUCHABLE avec sa Cour. La notion du POUVOIR, du tout pouvoir semble avoir pris le dessus… Les personnages changent avec le temps… et l’on en oublie la sagesse !
Vinrent les « subprimes » de l’été 2007, le grand krach de l’automne 2008, les « mesures de faveur » accordées aux « banques » qui ont trop joué avec l’argent des épargnants en 2009, puis la crise majeure de la GRECE en avril 2010 ! Que de catastrophes qui, je le dis, ne sont pas à porter à votre débit… Ah ces « agences de notation »… Elles nous empoisonnent !
Le clou, je l’avais gardé pour la fin. Naturellement, vous l’avez deviné… Je me permettrai de vous interpeller sur la réforme des RETRAITES.
D’abord, parlons du fond. OUI, cette réforme s’avérait INELUCTABLE car nous ne pouvons plus continuer à financer un système à CREDIT. Il est vrai qu’elle contredit les « engagements » du candidat 2007 mais nul n’est prophète en son pays. La donne économique a changé. La crise, et qui plus est, la crainte des agences de notation, vous ont imposé ce virage nécessaire. Même avec la GOLD d’American Express, du DINER’S, de la VISA PREMIER, « nos bailleurs » nous en interdiront l’usage un jour ou l’autre. Le sujet était tellement tabou que tous les politiques d’avant l’avaient sciemment occulté ! 30 ans d’inaction ou presque, ça pèse lourd ! Et ce ne sont ni les cacophonies, ni les jérémiades de la Gauche qui proposent des solutions… « Si je… Je reviendrai à l’acquit social de » … On ne réforme pas ! On persiste et on signe !
Alors si travailler plus longtemps n’est pas un handicap insurmontable encore faudra-t-il que l’on ne nous écarte pas du marché de l’emploi à 50 ou 55 ans… Rien n’est acquis aujourd’hui et c’est cette vision (ou réalité ?) de notre société qui devient anxiogène pour presque tout le monde… Il y a eu certes des "corrections" apportées pour la pénibilité dans certains cas et le problème des femmes ayant assumé leur rôle de maman... Mais...
La réforme de 2008 sur les « régimes spéciaux » n’a pas vraiment bousculé l’âge de départ qui est certes reculé de 2 ans mais doucettement… 4 mois par an à compter de 2017 ! Quant à la notion de taux plein à 67 ans, je pense que cette mesure n’est qu’un palliatif pour endiguer le déficit qui serait de l’ordre de 40 milliards € en 2018 quand même ! Il faudra, en 2013, en 2018, revoir la copie de 2010 de toute manière car cette réforme ne s’inscrit pas dans la pérennité. La « piste » de la retraite par points acquis semble émerger…
Quant à la forme, il y a beaucoup à écrire. Du rôle de Roi, vous êtes passé, Monsieur le Président, au hussard Napoléonien ! Le passage en force coûte que coûte ! Il vous fallait faire vite… Trop vite peut-être… Le candidat si proche de nos préoccupations de 2007 est devenu le scénariste, le metteur en scène, l’acteur d’un nouvel épisode d’Astérix chez les Gaulois ! N’y avait-il pas d’autres formes pour faire avaler cette « potion » amère – pas magique au demeurant – pour un certain nombre de nos concitoyens. Vous nous avez donné l’image, au cours de cette affaire, d’un Idéfix avec le druide Raymondsoubix (avec toutes mes excuses à ce dignitaire que je respecte)… Une grande explication s’imposait. Vous auriez pu NOUS exposer, avec votre pédagogie et votre sens inné de la communication, le fondement même de votre démarche et de votre empressement. Je pense, en simple gaulois que je suis, que j’aurai compris un discours bâti sous une forme simple – pas simplette – du style : « Nous en sommes LA, qu’a-t-il été fait, que devons nous faire, je vous propose ».
Oui, Monsieur le Président, il n’est jamais trop tard pour changer… d’image. « Le miracle n’est pas de voler dans les airs, ou de marcher sur l’eau, mais de marcher sur la terre » (proverbe chinois peut-être bientôt assujetti à la TVA sociale ! Autre temps… Autre chantier…)
Je suis un Gaulois et, à ce titre, je vous saurai gré d’excuser ma liberté et ma franchise à l’égard de votre rang.
Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur le Président de la République.