J’ai pu, cette année, renouer mes liens affectifs, pour ne pas dire addictifs, avec mes amis crétois. Je ne les avais pas revus depuis 4 ans ! C’est long
4 ans mais les circonstances ne s’y prêtaient pas ! C’était en septembre 2009… Juste avant l’élection de Georges PAPANDREOU, chef du
PASOK…
Il est vrai que cette attirance date de plus de 30 ans ! J’ai eu cette chance de côtoyer diverses couches de la « moussaka » crétoise : Hôteliers, taverniers, architecte, entrepreneur en bâtiment, tous devenus de véritables amis. Il est certain que mes « rudiments » de la langue grecque – par manque de vocabulaire surtout, par une pratique trop épisodique – ne me permettent pas de suivre pleinement une conversation car comme nous français, ils ont tendance à parler très vite ! Alors, j’interviens souvent en disant : « Milate arga » (parle doucement) ! Et quand le grec fait défaut, l’anglais s’impose sauf avec Tonia et Giórgos qui parlent parfaitement notre langue.
Et oui, mes chers, le régime crétois s’imposera chez nous en 2014. Non pour nous faire vivre plus longtemps mais pour nous faire davantage maigrir - surtout notre porte-monnaie - ! En quelques points, en voici quelques exemples.
La Crète, 5ème île de la Méditerranée, vit pratiquement en autarcie en matière alimentaire. Sa seule et grande « richesse » étant son tourisme qui, en trente ans, s’est développé d’une manière totalement anarchique. La prolifération voulue, par les gouvernements successifs depuis 1974, d’hôtels, tavernes, loueurs de voitures, boutiques de souvenirs, engendre une « fausse concurrence » et entraîne bien des exploitants à fermer la boutique d’année en année. Une « offre » trop importante en structure hôtelière ne permet pas d’assurer un coefficient d’occupation garantissant une rentabilité ! Il en est de même pour tous les autres secteurs de services cités.
Le gouvernement d’Antónis Samarás (Premier Ministre d’un gouvernement de coalition nationale) a pris la décision, en août 2013, de ramener, pour un an, le taux de la TVA à 13 % au lieu de 23 % pour la restauration. La baisse moyenne des salaires de 30 à 40 % depuis 2010 affecte profondément l’économie grecque. Le crétois, le grec n’ayant plus les « moyens » de s’offrir une « pikilia party » ! Un exemple de prix à la terrasse d'un café.
En 2009, les taux de TVA étaient de 4,5 % (Hôtellerie, pharmacie dans certains cas…), de 9 % (alimentaire en particulier), et de 19 % (taux standard). Depuis 2011, les taux respectifs sont de 6,5 % (Hôtellerie, et certains produits pharmaceutiques), 13 % (pour l’alimentaire, l’énergie, les boissons NON alcoolisées, la restauration), 23 % pour le reste (habillement, chaussures, tabac, téléphone, alcools, produits pétroliers, voitures…). Les prix se sont envolés !
Quand on « compare » – mais est-ce bien comparable ? – le salaire minimum grec (683 €) et français (1.430 €), on prend conscience de la difficulté des crétois et des grecs en matière de fin de mois ! De plus, le taux de chômage frise les 28 % de la population ! Le chômage des jeunes est la préoccupation majeure !
Comment peuvent-ils s’en sortir quand le coût de la vie est sensiblement équivalent au nôtre ?
De toutes les conversations le premier accusé est la « Troïka » qui les a mis – je parle du peuple -sur le banc de la société et conduit à la ruine. Puis le symbole monétaire : l’euro (1 € = 340 GRD) qui « a fait flamber les prix en 2001 »… Comme en France ! Vient ensuite TOUTE UNE CLASSE POLITIQUE (surtout Pasok et Néa Démokratia) corrompue et menteuse qui les a entrainés dans l’abîme ! Tiens, tiens, tiens… Oui, le mécontentement est grand ! L’extrémisme, la xénophobie, la maladie des peuples aux abois engendre l’irrationnel qui l’emporte en matière de vote… C’est peut-être ce qui attend nos politiciens professionnels… Et enfin, un petit « mea-culpa » pour l’art de « tricher et d’échapper à l’impôt » ! N’oubliez-pas que l’impôt, pour les grecs, était perçu par l’empire ottoman ! C’était du racket au profit de l’envahisseur ! Tous le disent, ce ne sont pas les « petits » mais les « gros »… Armateurs, financiers, spéculateurs fonciers, l’Eglise orthodoxe et son immense foncier, fonctionnaires corrompus… Non, je vous le dis, tous ne sont pas « malhonnêtes » mais… Un exemple vécu et non anodin : Dans les tavernes crétoises, que trop de touristes ignorent, mais sans les Thénardier… trop souvent la « Game boy » est en « panne » ! N’oublions pas que l’usage principal de la carte bancaire, pour le crétois, est le retrait de liquidité aux innombrables guichets automatiques fleurissant à chaque coin de rue, dans chaque bled, dans presque tous les « supermarchés »… Et, il y en a à la pelle ! Tout est dit ! Une masse considérable de monnaie circule… Et parfois elle a tendance à s’évanouir ! Non vers des « parasites fiscaux » mais dans des jarres minoennes… pour les jours futurs à affronter !
Il est vrai, c’était en Octobre, presqu’en fin de saison (qui, en règle générale a été meilleure qu’en 2012 pour la Crète) et ma première surprise a été de constater que la majorité des touristes était des pays de l’Est (Ukraine, Russie). Tant et si bien que les « cartes » des tavernes comportent une traduction en Russe ! Des italiens, des anglais et quelques rares français fréquentent encore cette île adorable. Heureusement !
Ce pèlerinage crétois m’a profondément marqué par la richesse de nos longues conversations, quelquefois hautes en voix, autour de mezzés, de plats typiques -faits « maison »-, et de « retsina et raki »… (L’abus d’alcool est dangereux pour votre santé)
Alors, aujourd’hui, de retour dans ma Brie natale, je me pose cette question : « Allons-nous connaître le même régime que la Grèce ? »
Tout médecin reconnait que le régime crétois est l’un des secrets de longévité. Mais, quand je retrouve mes amis, je m’aperçois qu’à ce régime là, ils ne seront pas centenaires !