J’ai eu, par connaissance – et reconnaissance partagée – la possibilité de partager la lecture d’une nouvelle manuscrite de l’Abbé SCHERRER qui deviendra, pendant des années, le curé doyen de notre église Saint Médard à LIZY sur OURCQ.
La lecture n’a pas été facile car le livret a quelque peu subi les affres du temps.
L’original n’est pas en ma possession. Ce sont des « copies » faites dans des conditions assez délicates : format cahier écolier, papier abimé, traces de moisissure…
Je n’ai pas l’intention de tout divulguer car je ne voudrais pas que cette initiative soit prise pour faire du « buzz » comme on le dit si bien.
Je dois avouer que j’ai été ému à la lecture de ces pages qui racontent une partie de l’histoire de LIZY sous l’occupation et sa libération le 28 août 1944.
L’écriture est fine, penchée de gauche à droite, le narratif est le reflet d’une image prise par un appareil photo.
Je vous en dévoile quelques passages.
Pour vous faciliter la lecture :
« La paroisse occupée depuis juin 1940 par les troupes allemandes a connu diverses tribulations. La compagnie qui y cantonne par le 24 novembre 1940 avec espoir de retour fin décembre. Cependant, nous ne les reverrons pas. En février 1941, des troupes sont annoncées. Elles se logent un peu partout surtout au château où elles mettent les meubles au grillage. Ce séjour est de courte durée. Pendant trois ans, Lizy n’aura pas de troupes à loger. Des services et patrouilles passent pour s’assurer de l’ordre. Rien de particulier à signaler à part quelques alertes parmi les citoyens dits de résistance en liaison avec la police locale (gendarmerie française) qui évente et dénonce les descentes possibles de police allemande. C’est alors que l’on apprend que tel ou tel a pris le large pour quelques jours. Retour quand l’alerte de police prend fin.
L’année 1942 connait les « volontariats » pour l’Allemagne. Les ouvriers… »
Pour vous faciliter la lecture :
« En ma qualité de curé, je me demande souvent si notre communion solennelle 1944 pourra se faire et en quelles conditions ? Fixée au 4 juin, fête de la Ste Trinité, elle se fera dans le plus grand calme et émerveillement. Brutalement, le 6 juin au matin, nous apprenons qu’un débarquement s’opère sur les côtes normandes. Étonnement, stupeur, crainte générale. Que va-t-il se passer. Notre vie reprend à peu près normale. Cependant, routes et chemins de fer ne sont plus sûrs. Les voitures sont mitraillées par les avions tandis que les ponts et gares de triages des chemins de fer sont copieusement arrosées de bombes. Nous apprenons ainsi la mort de m. PLUVINAGE, fermier de Trocy ainsi que celle de m. DABLAU fils (Je n’ai pas pu lire le nom avec certitude) et de sa sœur d’ETREPILLY, tous trois mitraillés en auto près de DAMMARTIN. Le pont de MARY SUR MARNE est visé plusieurs fois sans succès. La population prend peur. Toutefois pas de victimes. Des voitures allemandes sont touchées près du cimetière d’ISLES LES MELDEUSES… »
Bien d’autres faits sont relatés. Bien des personnages sont cités.
Je vais vous donner la lecture de la dernière page du feuillet qui atteste de l’authenticité de l’écrivain.
Pour vous faciliter la lecture :
« Le défilé continue dans la grand rue. Nombre de véhicules sont en panne. Les Allemands volent les automobiles qu’ils peuvent trouver ainsi que les bicyclettes. Le bruit du canon semble se rapprocher. Le dimanche 27 août, on dit que les Américains sont à MEAUX et à LA FERTE SOUS JOUARRE. De quoi demain sera-t-il fait ? Y aura-t-il tentation de résistance allemande sur la Marne et sur l’Ourcq. Des éléments motorisés et des chars d’assaut prennent position dans les marais et sur les hauteurs vers la route de CONGIS ainsi qu’à la sucrerie. Là, plusieurs allemands déjà pris de boisson somment M. LESPAGNOL, directeur de l’usine, d’ouvrir sa cave. En un rien de temps celle-ci est totalement pillée. Mécontents d’un résultat jugé encore trop maigre, les soudards alignent au mur M. LESPAGNOL, son fils JACQUES, âgé de 14 ans, et M. DAUZAS (Je n’ai pas pu lire le nom avec certitude), directeur du Ferro-Nickel. Tous trois cependant seront sains et saufs, mais ils se souviendront de la nuit du 27 au 28 août 1944. Pour nous, qui ignorions ce fait, la nuit avait été plus calme que jamais. Ce silence inaccoutumé nous laissait rêveurs. Pas d’avions, plus de bruit de bombes ou de canons pourtant si familiers depuis longtemps. Au matin du lundi 28, vers 8 h 30, passage des dernières voitures allemandes.
À 8 h 35, on entend des coups de mitrailleuse vers la route de CONGIS.
À 8 h 40, le premier motocycliste américain se présente suivi d’un second, puis viennent les premières voitures. L’hésitation est de courte durée. La population acclame et signale les derniers allemands. LIZY est libéré. En un clin d’œil, les drapeaux ornent les fenêtres, les cloches sonnent à toute volée. Pas un coup de fusil n’a été tiré en ville. Il n’y aura engagement de lutte que vers la gare seulement contre des chars allemands en fuite vers VIEUX MOULIN. Malheureusement, M. VERDONCK, frère du fermier touché par un obus américain en est la victime. Les chars blindés allemands fuient vers l’est avec eux s’éloignent les combats. Une grande page d’histoire se tourne »
L’ensemble des pages lues illustrent la noblesse de M. Léon SCHERRER, abbé de LIZY avant de devenir curé et doyen de la paroisse.
J’ai longtemps connu ce personnage atypique car non sectaire. Il m’a baptisé, m’a confirmé (merci pour la claque !), puis m’a fait faire mes communions. Je l’ai servi en tant qu’enfant de chœur.
C’était un ecclésiastique hors du commun : Très charitable, Charismatique. Humaniste et bon écrivain publique.
J’ai, par ses écrits, appris davantage sur la vie lizéenne pendant cette guerre de 40.
Il y avait matière à célébrer les 80 ans de la libération de la ville.
Ce sera pour les 90 ans ! En 2034 !